Slips inside: un duo très culotté
Avec une imagination débridée, un esprit d’amusement sans limite, ces artistes circassiens transgressent tous les codes Sigfrid et Emmanuel sont de vrais stars, musclées, du music-hall. L’un est filiforme, avec de grosses lunettes et des yeux qui roulent férocement et attrapent l’attention des spectateurs, le second est trapu, et lui aussi cherche la connivence avec les gens assis sur les gradins, marchant en roulant les épaules, adoptant une démarche chaloupée à l’extrême que l’on croyait impossible à effectuer. Les deux lascars, de Tournai (Belgique), sont tous deux -au début- en peignoir blanc au fond de la scène, avant d’enlever ces atours. Ils ne parlent pas.
Leur langage sont leurs numéros étonnant -aux mouvements défiants les traditions des équilibristes- leurs mimiques redoutables. Leur parfaite connaissance l’un de l’autre leur permet une grande finesse d’action, des postures inconnues, des gags inénarrables, où l’imprévu est la matière essentielle. L’art de la voltige est avec eux une reconstruction complète tandis que leurs trouvailles artistiques avec onomatopées et exercices effectués le corps dénudé sont irrésistibles. Ils ne sont pas là pour se livrer un duel; c’est du flanc. Ils sont compères en jeux en tous genres, comiques en surprises, en spécialistes du non-sens physique. Ces zigotos, fanfarons de fortune, potaches en délires ravageurs, nous emmènent dans des chemins inexplorés où l’esbrouffe, l’esquive, l’incohérence sont les données brutes qu’ils travaillent avec un art consommé de l’invention foldingue. Athlètes vif-argent rebelles à la logique universelle, ces deux hommes -qui ont déjà connu un énorme succès en 2002 avec « Ha Ha Ha » au théâtre des Doms »- donnent le spectacle le plus décalé d’Avignon et le plus douloureux pour les zygomatiques.
